Andreas Gmur,

le parcours d’un artiste-joaillier

Le désir de l’enfant trouve sa maturation à l’âge adulte

Originaire du « Plat Pays », comme le chantait si bien Jacques Brel, j’ai grandi dans les ruelles de Bruxelles. Depuis ma plus tendre enfance, je suis passionné par les couleurs et le dessin. Petit, rien ne me faisait plus plaisir que de recevoir une grande boîte de crayons de couleur avec lesquels je m’appliquais pendant des heures à dessiner, à créer.

Après une longue carrière au sein de grands groupes et dans le conseil aux grandes entreprises, un vent de changement s’est levé. Les envies et les désirs de créer du petit garçon sont remontés à la surface. Le seul lien entre cette enfance et le père de famille, que j’étais devenu, était l’amour de l’art et de la peinture, exprimé à travers mes dessins et tableaux.

L’héritage familial et ma passion pour l’art m’amenèrent tout naturellement à choisir un art avec lequel je pourrai m’exprimer pleinement : l’art joaillier.

Quand l’héritage familial se transmet comme une force, une passion

Je garde toujours un souvenir ému et reconnaissant quand, enfant, je passais à l’atelier de joaillerie de mon grand-père. Les après-midi où je le regardais travailler le métal, tailler et polir les diamants, s’entretenir avec ses clientes et clients dans le respect des convenances. Je souris quand je me remémore son habitude de me donner de l’or pur pour jouer avec ses outils, et moi qui ne savais absolument pas la valeur du métal que j’avais entre les mains. Le soir venu, il me reprenait le tout et le refondait dans une lingotière.

Sa passion, son élégance et sa maîtrise me fascinaient et je m’en abreuvais pour nourrir les lignes directrices de mon engagement dans ma vie d’adulte, puis mon engagement dans la joaillerie.

J’ai toujours tenu à faire honneur à son héritage. Il ne m’aura malheureusement jamais connu comme joaillier, mais j’espère qu’il serait fier de moi pour avoir fait renaître cet héritage familial.

(Photo : Mon grand-père au polissage d’un diamant, extrait de son livre « Von Diamant zum Brillant » G. Schaub)

L’amour de la peinture comme expression de la création joaillière

Je voudrais redonner à la joaillerie, sa place dans le monde auquel elle appartient : l’Art.

La joaillerie est un art. Comme le monde de la peinture, la joaillerie connaît ses grands maîtres et des serviteurs plus humbles ; elle subit également les copies, les impressions en masse… néanmoins, la démarche créatrice doit nous amener à nous interroger sur ce que nous sommes et sur nos ressentis. Comme un frémissement devant un tableau, je souhaite que la cliente ressente la même émotion devant le bijou qu’elle a elle-même créé avec mon aide.

Je considère chaque pièce unique comme une œuvre d’art.

Afin de rapprocher encore plus ces deux mondes, ma passion joaillière et mon plaisir de peindre, j’ai élaboré une approche créative particulière où le bijou est conçu au travers d’esquisses successives et finalement symbolisé par une peinture au fusain, aquarelles et encre de Chine.

Le mariage de la tradition familiale et de la tradition joaillière parisienne

Quand le mot joaillerie est prononcé, nous pensons directement à Paris et à la tradition centenaire de l’orfèvrerie, du travail des métaux précieux et des gemmes.

Tout naturellement, je me suis dirigé vers la Ville lumière pour acquérir le savoir-faire et la qualité des grands joailliers. Auprès des plus grands maîtres, j’ai suivi pendant trois belles et passionnantes années, à la Haute École de Joaillerie de Paris, leurs formations et leurs conseils.

Quand en octobre 2016, j’ai ouvert mon atelier-boutique à Genève, la reconnaissance de mes professeurs et maîtres dans un petit mot d’encouragement a été pour moi la plus belle des récompenses.

J’ai complété cet enseignement traditionnel avec des formations sur les nouveaux outils et les techniques modernes qui ont également envahi ce monde très classique.

Prendre conscience de la beauté du monde et des joyaux qu’il nous offre

Par passion des couleurs et par amour des pierres précieuses, j’ai suivi une formation et obtenu un diplôme de gemmologue spécialisé dans les pierres utilisées en joaillerie.

Parcourant le monde, découvrant les vallées d’où sont extraits des entrailles de la Terre, ces magnifiques cailloux translucides qui deviendront grâce à des mains expertes, des joyaux resplendissants, j’ai appris à être humble devant ce que la terre nous apporte. J’ai développé ainsi un réseau de contacts (Thaïlande, Sri Lanka, Afrique…) constitué de personnes qui ont le même respect devant la nature et la même gratitude pour les beautés que le monde nous offre.

Je m’attache à connaître au mieux ceux qui me fournissent les gemmes, savoir leur parcours et leur éthique. Je crois en la transmission de l’énergie terrestre et universelle au travers des pierres et je ne veux pas qu’une belle pierre soit entachée d’un quelconque acte négatif quant à son énergie.

De l’influence de l’architecture dans mes créations

Les créations prennent vie également au cœur de mes propres influences esthétiques. Sans conteste, l’architecture joue un rôle primordial dans ma création de bijoux.

J’aime la complexité de la construction architecturale exprimée dans des formes simples et faciles à déchiffrer. J’applique ces mêmes principes esthétiques à la joaillerie où la difficulté technique de la confection du bijou laisse place à une lecture directe des lignes.

Ainsi, comment ne pas tomber amoureux du quattrocento qui a vu le retour du classicisme tout en s’appropriant de nouvelles prouesses techniques ; où le dôme majestueux de Brunelleschi, aux formes certes traditionnelles, affiche de toute sa hauteur, l’habileté maîtrisée de sa réalisation.

Vous retrouverez, au travers de mes créations, cet amour pour l’architecture, pas seulement italienne, pas uniquement de ce siècle-là, mais un amour pour l’architecture universelle de l’antiquité au contemporain, de l’Europe à l’Asie.